ne jamais parler de...

Publié le par T

ne jamais dire

 

En ce moment la liberté d'expression est omniprésente. Je devrais plutôt dire, pour éviter tout malentendu, qu'on en parle beaucoup. Car la liberté d'expression est plutôt moribonde. Plusieurs sujets ont contribué à souiller le débat non pas par leur (soit disant) caractère "illégitime" ou "indigne" mais par leur instrumentalisation. Dignes pourtant d'intérêt ils sont même un terrain idéal à l'exercice de cette liberté. Manipulateurs et désinformateurs ont bien fait leur boulot et mieux encore : non contents d'avoir retiré du débat public nombre de questions pertinentes ils ont même réussi à rendre suspect tout débat sur la liberté d'expression elle-même...

 

Vous êtes à une soirée entre amis/collègues, vous vous ennuyez ferme et ne savez comment sortir de cette impasse. Ne vous inquiétez pas, j'ai pensé à tout en préparant pour vous une liste de thèmes à aborder afin de plomber l'ambiance. Rassurez-vous, il y a peu de chances qu'un débat de plusieurs heures ne vous retienne à cette soirée, les échanges verbaux (ou plutôt les aboiements) qui s'en suivront seront plutôt brefs et désagréables. Ainsi je vous propose:

réouverture de l'enquête sur le 11 septembre | danger et/ou inefficacité du nucléaire civil | attitude de l'armée Israélienne sur les territoires occupés | OGM | critiquer le dogme du réchauffement climatique | parler du Bilderberg, de la trilatérale, du cfr, etc | islam | parler de gouvernance mondiale | danger et/ou inefficacité de la vaccination | remettre en cause le dogme de la croissance | la Francafrique | Big Brother | parler de l'emprise mondiale des banques | remettre en cause le système capitaliste (liste non exhaustive) ...

Ainsi s'ennuyer en soirée ne sera plus une fatalité, mais un choix. Ami débutant, un indice > Si tu entends un des mots suivant c'est qu'il est temps pour toi de filer en vitesse (à défaut de quoi un lynchage en bonne et due forme n'est pas à exclure) : révisionniste/conspirationniste/raciste/illuminé/antisémite/communiste/paranoïaque/complotiste/réac/sectaire (...) et pourquoi pas Nazi (difficile à obtenir, mais pas impossible si tu t'en donnes la peine)

...

 

Malgré le caractère on ne peut plus sérieux du débat je n'ai pu m'empêcher de sortir mon nez rouge pour ne pas trop effrayer l'internaute de passage. J'ai du mal m'y prendre car j'en vois qui, furieux, quittent la pièce en claquant la porte. Ami lecteur, nous voilà en tête-à-tête et si vous êtes resté c'est qu'un échange est possible (à moins que ça ne soit pour en découdre). Quoi qu'il en soit je suis ravi que vous soyez encore là, nous pouvons revenir à nos moutons (sans mauvais jeu de mots).

 Vous aurez compris que mon but ici n'est pas de donner mon avis, de dire qui a raison et qui a tort concernant les exemples précédents, mais bien de dénoncer l'absence de réel débat, la manipulation et par conséquent l'avilissement de la question primordiale de liberté d'expression. Vous pouvez reprendre chacun des thèmes de ma liste et constater qu'ils sont soit étouffés, soit frappés du sceau de l'indignité. Pourtant, qui pense par lui-même (chose rare de nos jours je vous l'accorde) constate que ces sujets ont tous une base qui mérite qu'on s'y intéresse et qu'on en débatte.

Ne plus combattre pour sa survie ne signifie pas qu'il n'y a plus aucune raison de lutter, au contraire. Le combat change de domaine, passant de celui de la survie à celui des valeurs. La liberté d'expression en est une éminemment noble, maltraitée, déformée, caricaturée, utilisée à tort et à travers, transformée en un simple bien de consommation (soumis, en tant que tel, à toute une série de normes. Modelé, lissé, assujetti à la mode et à l'actualité) et qui mérite qu'on lui accorde un peu de notre énergie. Il est plus que temps d'aiguiser nos lames intellectuelles et pour cela rien de tel que ces sujets dits "polémiques", terrain idéal à l'affinement de votre sens critique. Amis frileux je vous rassure, il n'existe pas de pouvoir occulte, organisé, prêt à étouffer tout propos dérangeant. L'esprit moutonnier est notre véritable ennemi, car il suffit de très peu de gens puissants (politiquement, financièrement, intellectuellement) pour influencer le débat, pour "fabriquer la norme", et l'esprit de conformisme fait le reste. Il est en effet socialement risqué de s’opposer à la majorité et malheureusement il n’est pas rare que l’amitié ou les liens familiaux ne résistent pas à certaines prises de position… Vous constaterez aussi qu'il existe un pendant au conformisme, c'est l'anticonformisme primaire: ainsi pour chacune de ces questions on voit souvent apparaître une série de personnages caricaturaux, devenant dans les médias traditionnels porte-paroles "officiels" de ces sujets "limites" car délibérément mis en avant pour décrédibiliser toute tentative argumentée d'opposition. Il ne tient qu'à vous de démasquer la(les) supercherie(s) et d'en discuter sereinement (si possible) avec vos proches afin de liberer cette "liberté d'expression", prise en otage par les médias, les politiques, l'économie, les faiseurs de dogmes, etc...

 

J'espère de tout coeur vous avoir donné envie de dépasser les apparences, de vous intéresser à ces sujets que la société juge indignes pour y aiguiser votre esprit critique et votre ouverture d’esprit, de démasquer les architectes de la pensée unique et par conséquent de défendre la liberté d'expression, la vraie, cette extension de la liberté de penser et non pas ce gadget fashion qu'elle est devenue...

 

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J
J'aime bien ce que vous écrivez et j'adhère à 90 %.<br /> Les 10 %, sur lesquels il faudrait vous pencher, c'est l'illusion de la liberté.<br /> Vous l'effleurez sur Agoravox, mais pour retomber dans l'ornière…<br /> En réalité, on ne choisit pas sa naissance, ni les événements qui suivent et… si l'on peut avoir l'illusion de choisir ses mots, c'est grâce à la fiction de la conscience et aux illusions que l'on<br /> y attache…<br /> Mais, sinon, c'est bien, vous êtes sur la bonne voie.
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T
<br /> <br /> Comme précisé sur Agoravox je vous répondrai qu'en partisan de la nuance je n’adhère ni au 100%déterminé, ni au 100%libre. Toutefois nous ne sommes pas loin d’être d’accord car<br /> la part de liberté est, je pense, bien ténue face à la masse imposante de nos déterminismes... Et « ténue » ne veut pas dire nulle.<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Dans une soirée entre collègues ou amis, le but des conversations n'est pas de favoriser l'expression et encore moins de permettre une avancée dans la réflexion. Il s'agit la plupart du temps (pour<br /> raison de courtoisie?) d'entretenir une certaine ambiance sonore qui, comme une musique de fond, se doit d'être présente mais surtout pas discordante.<br /> Soit on se la joue consensuelle et chacun se contente de reformuler ce qui est admis par le plus grand nombre. On dit ce qu'il est convenu de dire et les interlocuteurs sont pratiquement<br /> interchangeables.<br /> Soit, on se veut plus ouverts et des avis divergents vont être énoncés mais sans surprise, chacun jouant son rôle habituel et surtout sans évolution envisageable, l'intention de base étant de<br /> camper confortablement sur ses positions.<br /> Dans un cas comme dans l'autre, personne n'écoute véritablement personne et l'énergie d'apporter un nouvel éclairage peut sembler bien vaine.<br /> Euh … je suis peut-être un peu pessimiste ce soir (?) ou y a-t-il d'autres lieux où faire avancer les débats (?)<br /> Eve<br /> <br /> <br />
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B
<br /> bonsoir,<br /> Pourquoi ne pas dire clairement que l'on vit une époque de totale désinformation?<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Issu du livre “2100, Odyssée de l’Espèce. Prospective et programmes du 21e siècle” paru en 1993 :<br /> <br /> "Alors, que se passera-t-il au 21ème siècle ?<br /> <br /> Même si la régulation des naissances, les progrès des échanges économiques et de la protection de la Nature sont des tendances encourageantes, les prochaines décennies sont très durement menacées<br /> par les conséquences de l’implosion des villes, la montée de l’exclusion et des systèmes maffieux. Les premiers scénarios qui viennent à l’esprit sont noirs. Ils ont l’odeur du chaos. On n’arrive<br /> pas à voir au-delà des confrontations entre une société officielle affaiblie, rongée de luttes intestines, sans véritable projet, et des exclus qui frappent à la porte de plus en plus durement.<br /> <br /> …<br /> <br /> Le soulagement suivant la chute du mur de Berlin est de courte durée. L’ordre bipolaire de la guerre froide recouvrait une toute autre réalité. L’océan des pouvoirs des blocs se retire, délité par<br /> les télécommunications. Les particularismes tribaux et religieux refont surface, tels de vieux rochers qu’on avait oubliés. Le monde de la fin du vingtième siècle est une mosaïque d’ethnies<br /> irascibles, attachées à des valeurs du passé, comme fétichisant la possession de territoires ou de positions privilégiées. Après le Liban, la Yougoslavie, l’Inde, l’Asie centrale, l’Afrique sont<br /> saisis de pulsions intégristes et de persécutions ethniques. L’Asie se réarme. Des affrontement raciaux, sporadiques et complexes, éclatent ici et là, comme des bulles de haine à la surface du<br /> chaudron du diable.<br /> <br /> On croyait avoir définitivement banni de telles atrocités. C’était oublier trop vite le désarroi des illettrés, le désespoir du chômage, la réaction à l’exclusion. Sans avenir crédible, on se jette<br /> dans les bras des forces du passé. Dans les pays de l’Est, les chefs ont été chassés, mais les sous chefs sont encore là. Ils représentent un recours, d’esprit plus étroit.<br /> <br /> La société de droit avait mis plus d’un siècle à s’installer en Occident. Mais les occidentaux faisaient semblant de croire qu’elle pourrait en quelques années s’établir à l’Est et y apporter la<br /> prospérité demandée. On ne quitte pas facilement des habitudes claniques, voire maffieuses. Pour choisir le nouvel entrepreneur compétent plutôt que le neveu ignare du potentat local, il faut que<br /> l’objectivité soit acceptée jusque dans le détail, perçue par tous comme socialement nécessaire et même plus essentielle que les anciens rapports de force. Or, le respect de la force brute est<br /> encore là, présent dans une grande majorité de l’espèce humaine, conforté par le succès temporaire de seigneurs de la guerre, le trouble des jungles urbaines et la montée des maffias.<br /> <br /> Néanmoins, le nouveau système technique continue sa progression, apportant avec lui de nouvelles façons de faire. La technique est, dans ce monde troublé, le lieu où l’intelligence a raison de la<br /> force, et cela jusqu’au coeur du domaine d’élection de la force brute : celui des armements. Par ailleurs, la technique moderne relie les hommes, par-dessus les croyances et les frontières. Bien<br /> qu’inventée après le téléphone, la télévision est mise en place avant. Elle institue une société du spectacle, planétaire, où la réalité est transfigurée, conditionnée pour capter une attention<br /> fugitive. Elle injecte subrepticement des messages publicitaires dans le mental du public, entretient des confusions en même temps qu’elle apporte des vraies informations, sollicite les pulsions en<br /> même temps qu’elle fait place aux arts et ouvre à la connaissance de la Nature.<br /> <br /> Le monde est ivre. Il a perdu ses repères. La surinformation produit des effets hallucinogènes. Des individus s’isolent au moyen de leur baladeur ou se livrent à un dialogue compulsif avec leur jeu<br /> vidéo. Comme celle de la fascination, l’habitude de la manipulation des esprits s’installe insensiblement et devient comme naturelle. Avec un “reality show”, un inconnu peut en quelques jours être<br /> adulé de millions de téléspectateurs. Il peut aussi vite retomber dans le purgatoire de la réprobation. On joue “Dallas” à tous les étages.<br /> <br /> Les médias enseignent sans le vouloir la passivité. Ils absorbent l’énergie du spectateur dans des intrigues étrangères. Ayant vécu par procuration des événements hors du commun, l’individu n’a<br /> plus le désir d’entreprendre à sa propre mesure. Il devient soit mégalomane, soit déprimé. Des millions de personnes cherchent un emploi. Il y a de moins en moins d’entrepreneurs pour les<br /> embaucher. Partout, on manque d’employeurs plus que d’employés.<br /> <br /> Les milieux financiers sont touchés. Ils interfèrent avec le médiatique. Les grands entrepreneurs rachètent des chaînes de télévision. L’argent et la crédibilité s’enchevêtrent. Les fortunes se<br /> font et se défont de plus en plus vite. Un raider peut lever en trois coups de téléphone l’équivalent du salaire annuel d’un million de paysans indiens. Les places financières, interconnectées,<br /> ballottent des milliards de dollars à travers la planète au gré des vagues spéculatives. Les régions et les métiers sont à la merci d’ouragans imprévisibles, aux causes lointaines, insaisissables<br /> et aléatoires.<br /> <br /> L’exclusion s’accroît. Les troubles aussi. La crainte du danger monte. On sent comme des forces telluriques qui fermentent dans les banlieues, s’apprêtant à faire craquer l’ancien monde.<br /> <br /> La chrysalide se prépare à accoucher, mais de quoi ?"<br /> <br /> <br />
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T
<br /> En même temps c'est plutôt réjouissant car quand on voit la nullité des arguments que les gens opposent, on sait qu'on a raison et que ce sont des zombies lobotomisés :<br /> http://img153.imageshack.us/img153/2773/zombiesg.jpg<br /> <br /> Sinon tu as oublié homophobe dans les aboiements ;)<br /> <br /> TH<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Oui effectivement, je me rends compte que j'ai oublié homophobe (mais aussi mysogine, et j'en loupe sans doute bien d'autres)<br /> Je ne connaissais pas ce livre de Thierry Gaudin, ça m'a l'air fort intéressant. Hop, inscrit sur ma liste.<br /> A bientôt couz, merci d'être passé ;-)<br /> <br /> <br /> <br />